Paléogéographie des Alpes-de-Haute-Provence

   Il faut remonter à la fin de l'Ère primaire pour comprendre d'où viennent les roches que l'on peut trouver dans les Alpes-de-Haute-Provence. À cette époque les terres émergées sont réunies en deux continents, Gondwana au sud et Laurentia au nord, que la dérive des continents pousse l'un vers l'autre. Leur collision forme un ensemble unique, la Pangée, marquée par une chaîne de montagne, la chaîne varisque (ou hercynienne) à l'endroit de leur collision (comme la "remontée" de l'Inde vers l'Asie forme l'Himalaya). On trouve des restes de cette chaîne varisque dans le Mercantour ou le Pelvoux. L'érosion qui attaque ces reliefs dépose des sédiments continentaux.

   Le début de l'Ère secondaire voit un nouveau cycle tectonique (dit alpin) s'amorcer. Durant toute cette ère une distension sépare deux blocs, est et ouest qui, en s'écartant l'un de l'autre, provoque la création d'un océan alpin. Dans notre département, à la marge de cet océan, les dépôts sédimentaires, littoraux ou lagunaires (gypse, sel) au Trias, deviennent plus calcaires au Jurassique, signant des conditions franchement marines.
À la fin du Jurassique, le plancher de l'océan alpin est alimenté en roches plutoniques par la mise en place d'une dorsale active. De part et d'autre de cette dorsale et jusqu'aux côtes se déposent des marnes et des calcaires.
Au Crétacé une inversion du mouvement des plaques continentales provoque l'ouverture de l'Océan atlantique et le début de la compression est-ouest de l'Océan alpin.

   Durant l'Ère tertiaire celui-ci va progressivement se refermer. Comme un tissu que l'on froisse entre deux doigts, la collision des deux plaques crée des reliefs faits de plis et de chevauchements qui déforment et font émerger les couches de terrains déposées dans l'océan. En Haute-Provence, à l'avant de cette surrection alpine, se crée un bassin alimenté par l'érosion d'abord des reliefs cristallins situés au sud (Tanneron), puis des jeunes reliefs alpins.
Les vallées voient des phases successives d'invasion et de retrait de la mer depuis la Méditerranée entrecoupée, à la fin du Miocène, par la crise "messinienne", qui voie la fermeture du détroit de Gibraltar et l'assèchement de la Méditerranée, ce qui induit une érosion importante créant vallées et canyons.

   La fin du tertiaire et le quaternaire sont marqués par la mise en place du karst ou les phases glaciaires.